Un goût de vie ou plutôt une nécrologie Gilles-Marc Fougeron (+29.02.2024)

Photo: père Irénée (Gribov), Irina Fougeron, Mgr Nestor, Marc Fougeron, photo prise par le père Ioan Dimitrov

Cher Marc, ce n’est que le 9ème jour que j’ai rassemblé mes pensées et décidé d’écrire sur toi en souvenir de notre amitié.

Le 15 février 1938, les jumeaux Gilles-Marc et Alain naissent dans la famille du jeune artiste-peintre parisien André Fougeron. Je ne savais pas, cher Marc (Gilles-Marc), que tu avais un frère jumeau ; je l’ai rencontré lors de notre dernière rencontre avec toi, là, dans la salle des adieux, d’où tu es parti pour ton dernier voyage. Vous êtes tous les deux des copies conformes  physiquement de votre père.

Tu  n’as jamais parlé de votre enfance, que vous avez passée en France occupée. Le père est en captivité allemande et la mère a trois enfants sur les bras. Tu ne te souviens pas bien de ces années, mais tu as gardé de forts  souvenirs d’août 1944 et de la libération de Paris. Cette ville que tu aimais de tout ton cœur ! Tu l’as connu et inculqué cet amour à tes élèves. Tes histoires sur la culture de Paris et celle de la France  étaient fascinantes.
Avant la guerre de 1939, ton père s’est intéressé au mouvement communiste et est resté dans les rangs du Parti communiste  français jusqu’à la fin de ses jours (+1998). Devenu un artiste célèbre , ses tableaux sont conservés dans les musées . Malgré ces divergences d’idées avec ton père, tu t’es consacré à la perpétuation de sa mémoire. 
Ton adolescence s’est déroulée sous l’influence des opinions de ton père. Tu  avais dit que dans ta jeunesse, tu étais un communiste fervent et que tu regardais  l’URSS avec  espoir,  » comme la paradie sur terre ». Cependant, en gardant le regard fixé sur l’URSS, tu as discerné plus que de simples croyances  dans le communisme soviétique. Tu es curieux et intéressé par la langue et la culture russes sur lesquelles  s’ouvre dans ton esprit. Étonnement que la « roue rouge » du stalinisme était capable de transformer tes pensées en un travail missionnaire inattendu et sans violence! 

Jeune étudiant, au début des années 1960, en pleine crise Caribéenne et de la folie de Khrouchtchev, tu décides de visiter l’URSS. Peut-être qu’ un autre aurait  eu peur de telles aventures, mais pas toi. De plus, tu y  tombe amoureux d’une fille russe, Irina, et pas simplement  d’une fille ordinaire, mais de ton professeur de russe. Ce n’était pas ton truc d’avoir peur de l’aventure. Du coup, tu l’a emmenée d’URSS à Paris et en août 1964, la même année bissextile que cette 2024, vous vous êtes mariés et avez passé 60 années heureuses ensemble.

 Cher Marc, le troisième jour après ton départ le 29 février, tes amis et moi nous sommes souvenus de nos conversations, blagues et de ton aide, et j’ai appris que ta belle-mère avait beaucoup parlé de l’Orthodoxie. Oh, ces étranges grand-mères soviétiques ! Elles sont capables de convertir même de jeunes communistes français. Votre belle-mère, cher Marc, l’a très bien fait.

À cause de ta modestie, tu ne m’as pas dit quand et comment tu as été baptisé. Ce n’est peut-être pas si important. Ce qui est le plus important, c’est la façon dont tu as accompli tes vœux de baptême. Dans les années 1980, tu es  devenu le marguillier de la cathédrale des Trois Saints Docteurs  à Paris et tu y es resté pendant de nombreuses années. Ensuite, tu as commencé à soutenir l’école paroissiale. Le travail est énorme, tu as  résolu des problèmes juridiques, financiers et organisationnels ; pendant plusieurs décennies, tu as aidé des centaines d’enfants.  Tu sais, les enfants courent toujours joyeusement dans les mêmes couloirs : ils apprennent le russe,  et le Catéchisme … La vie continue, comme il y à 10 jours, il y à 1 an, il y à 40 ans. Même notre colonie de vacances  diocésaine de Normandie, très éloignée de Paris, a été l’objet de ton attention. À propos, ton fils Cyrille  a mentionné dans son discours d’adieu ton aide aux enfants polonais dans les années 1980. Ton amour pour tes enfants spirituelle était trop grand pour ignorer leurs besoins.

À la fin des années 2000, le diocèse de Chersonèse s’est considérablement développé et ton aide dans l’organisation de nouvelles structures a été très importante.  Grâce à ton  aide, le bulletin  diocésain a repris, et en même temps un conseil diocésain a été organisé, dans lequel tu es  resté jusqu’au dernier jour.
A toutes les étapes de la conception, de la construction et de l’ouverture de la Cathédrale de la Sainte Trinité à Paris, tu n’étais pas seulement un invité, mais un  participant actif.

Lorsqu’en 2008 la décision a été prise de fonder le Séminaire théologique russe en France, tu  as chaleureusement soutenu cette idée. Tu allais de de Paris à Epinay-sous-Senart pour  enseigner. J’étais  l’un d’eux . Nous, séminaristes, avons étudié le français avec ton  aide… puis sommes allés avec toi au Louvre, au musée de Cluny, à la basilique Saint Denis… Puis nous avons bu du café en écoutant des histoires sur les dynasties royales françaises ou l’importance des prononciations nasales en  français. Jusqu’au bout, tu es resté un professeur, un enseignant  qui aimait son travail et lui était dévoué.

Je me souviens qu’au printemps 2021, tu es tombé très malade, tu as été opéré  à l’hôpital de Clermont-Ferrand. J’ai déjà parlé de notre rencontre du jour de Pâques. Ensuite, j’ai eu peur que tu ne puisse quitter  l’hôpital. Mais ton goût pour la vie a été plus fort que mes doutes et tu as vaincu la mort. C’est ainsi qu’est conçue une personne, et en particulier un croyant, qui veut vivre un peu plus longtemps, en croyant à l’infini et à l’éternité. Mais pas sur terre, dans la maladie et la tristesse, mais là où il n’y a pas toute cette douleur et cette tristesse.
Ensuite, tu nous a reçus chez vous dans votre  village auvergnat et  vous nous avez offert un délicieux café. Ta chère Irina était toujours avec nous, elle nous racontait des  histoires de sa vie.

Mais le matin du 29 février 2024, après une vie chrétienne longue, joyeuse et riche, tu es  parti vers le Christ. Bien sûr, c’est triste que tu nous quittes.  Pas pour toujours, mais seulement pour un temps.

Après la vigile nocturne du samedi 2 mars, tu  nous as réunis à  l’église des Trois Docteure à Paris, afin que nous puissions prier pour ce que tu as sans aucun doute mérité : la paix éternelle dans le radieux  Royaume de Dieu. Tu  as  probablement vu qu’il y avait là tes vieux amis du temple, des paroissiens qui t’ aimaient .
Puis le mercredi 6 mars, en compagnie du père Irénée (Gribov), nous sommes venus vers toi à Issoire, où tu as pris ta retraite ces dernières années ; avec ta famille et tes proches, nous nous sommes souvenus de tes blagues, de ton sourire ; et  nous avons prié pour que notre cher ami et frère Marc, puissiez reposer en paix dans des lieux où règne l’Esprit, où la liberté est là  et où se fait sentir le goût éclatant de la vie éternelle.
Ton ami et étudiant aimant, le père Ioan Dimitrov + Mémoire éternelle! +

Irene et Marc Fougeron – 60 ans de mariage!

Вкус к жизни или вместо некролога  Марк Жиль Фужерон (  Gilles-Marc Fougeron +29.02.2024)

Только на 9 день я собрался мыслями, дорогой Марк, и решил в память о нашей с тобой дружбе написать себе письмо о тебе.15 февраля 1938 года в семье молодого художника парижанина Андре Фужерон родились близницы Жилль-Марк и Ален. Я не знал, дорогой Марк (Жилль-Марк), что у тебя есть брат близнец;  я встретил его на нашей последней встречи с тобой, там в прощальном зале. Вы оба копия вашего папы.Ты никогда не рассказывал о своем детстве; да и что там рассказывать, когда отец в немецком плену, а мама с тремя детьми на руках? Ты наверное и не помнишь эти годы, но точно помнишь август 1944 и освобождение Парижа, города который ты любил всей душой и влюблял в него своих студентов увлекательными рассказами о его истории и культуре.После войны твой папа увлекся коммунизмом и остался в его рядах до конца своих дней (+1998).Твои подростковые годы прошли под влиянием папиных взглядов. В юности, кажется, ты, Жилль-Марк, был уверенным коммунизмом и с надеждой смотрел на СССР. Однако, устремленным на СССР взором ты увидел больше, нежели советский коммунизм. Ты увлекся русским языком и культурой. Кто бы подумал, что красная машина сталинизма способна к какому бы то не было ненасильному миссионерству? Молодым студентом, в начале 1960-х, в гуще карибского кризиса и хрущевского беснования ты решился посетить СССР. Может кто-то бы и побоялся таких приключений, но не ты. Более того, ты вздумал влюбиться в русскую девушку Ирину, и не просто в обычную девушку, а в свою преподавательницу русского языка. Бояться приключений – было не твое. Ты их искал. Привез ее из СССР в Париж и в августе 1964, в такой же високосный год как этот, вы поженились и провели вместе счастливых 60 лет.Уже на третий день после того, как ты нас покинул, мы с друзьями вспоминали твои шутки и твою помощь нам, и я узнал, что твоя теща немало говорила тебе о Православии. Ох эти советские преславутые бабушки! они способны воцерковить даже французских молодых коммунистов. По твоей скромности, ты так и не рассказал мне когда и как крестился. Может это и не столь важно. Куда более важнее, как ты реализовал свои обеты, данные при крещении. Ведь в 1980-е ты уже стал старостой кафедрального храма Трех святителей в Париже и много лет им оставался. Затем церковно-приходскую школу стал всячески поддерживать по юридическим, финансовым и организационным вопросам; за несколько десяток лет ты помог сотням, а может тысячам детей. (Знаешь, детки сейчас также радостно бегают по тем корридорам, учат русский, Закон Божий и другое… так же как и 10 дней назад, 1 год назад и 40 лет назад). Даже наш епархиальный лагерь в Нормандии, насколько уж он далеко находится, не остался без твоего внимания и вплоть до последних дней ты все искал как бы помочь в его организации. Кстати, Кирилл, твой сын, в своем прощальном слове упомянул организованную тобой помощь пострадавшим польским детям в 1980-е годы. Твоя любовь к детям была слишком велика, чтобы остаться в стороне от их нужд.В конце 2000-х годов Корсунская епархия значительно увеличилась и твоя помощь в организации новых структур была в была ощутима. В это же время не без твоего участия и помощи был возобновлен епархиальный журнал, тогда же был организован епархиальный совет, в котором ты оставался до последнего дня. Где ты находил время на все это?На всех этапах создания, строительства и открытия Троицкого собора в Париже, ты был не просто приглашенным гостем,  а самым непосредственным участником.Когда в 2008 году было принято решение основать Русскую духовную семинарию во Франции, ты не просто всячески поддержал идею, ты сам лично приезжал из Парижа в Эпине-су-Сенар и преподавал нам, студентам семинарии, французский язык… а потом водил нас в Лувр, в Музей Клуни, в базилике Сан-Дени, затем пили кофе под рассказы о французских королевских династиях или о важности нюянсов назальных во французском языке. До последнего ты остался профессором, педагогом и просто человеком, любящим свое дело и преданным ему.Помню весной 2021, ты сильно заболел, тебя прооперировали и ты лежал в больнице в Клермон-Ферране. Я уже рассказывал о той нашей встрече в день Пасхи. Тогда я боялся, что ты не выйдешь оттуда, настолько я был слаб верой в тебя. Но твой вкус к жизни был сильнее смерти. Так уж устроен человек, и в частности верующий, что хочет жить еще немного и еще чуть-чуть, и так до бесконечности…вечно. Но не на земле, в болезнях и печали, а там где нет всей этой боли и грусти.Затем ты принимал нас в гости в своем доме в оверньской деревне, поил вкуснейшим кофе и в компании твоей дорогой Ирины рассказывал нам разные интересные истории, делился мыслями.Но утром 29 февраля 2024 года после долгой, радостной насыщенной христианской жизни, ты отошел ко Христу.Конечно грустно, что ты нас покинул. Но ведь не навсегда, а на время только.После Всенощного бдения, в субботу 2 марта, все же ты собрал нас в том самом Трехсвятительском храме, чтобы мы молились за то, что ты безо всякого сомнения заслужил – вечный покой в светлом Царстве Божием. Наверное ты видел, там были твои давние друзья по храму, прихожане, которые любили тебя и ценили дружбу с тобой.Затем в среду 6 марта вдвоем с о. Иринеем (Грибовым) приехали к тебе в Иссуар (Issoire), куда вы удалились в последние годы; вместе с твоей семьей и близкими мы вспоминали твои шутки, твою улыбку; и вместе с тобой помолились, чтобы тебе, нашему дорогому другу и брату Марку, упокоиться с миром в местах, где царствует Дух, где радует свобода и где чувствуется яркий вкус жизни вечной.Т

Твой друг и любящий студент Иоан Димитров

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